L'exutoire de fumée

PUBLIÉ LE 8 OCTOBRE 2025
L'exutoire de fumée
En cas d'incendie, la fumée représente souvent un danger plus redoutable que les flammes elles-mêmes. Elle peut rapidement envahir les circulations, réduire la visibilité et intoxiquer les occupants. C'est pour cette raison que les immeubles collectifs et les copropriétés doivent être équipés d'un système de désenfumage efficace, dont l'exutoire de fumée constitue un élément central. Entre cadre réglementaire strict, choix technique et obligation d'entretien, voici un tour d'horizon complet des dispositifs de désenfumage en copropriété.

Incendie : au-delà des flammes, la fumée

Lors d'un incendie, la fumée se propage rapidement, entraînant une perte de visibilité et une forte augmentation des gaz toxiques (monoxyde de carbone, particules fines, hydrocarbures).
Selon les statistiques de la Sécurité civile, 80 % des décès liés à un incendie domestique sont dus à l'inhalation de fumée, et non aux flammes.

Le désenfumage a donc un double objectif :

  • faciliter l'évacuation des personnes,
  • permettre l'intervention rapide des secours en limitant la propagation des gaz chauds et toxiques.

Dans les immeubles collectifs, il constitue un élément de sécurité passive au même titre que les issues de secours, les alarmes incendie ou les extincteurs.

La réglementation en termes d'équipements de désenfumage

Le désenfumage est régi par plusieurs textes essentiels :

  • le Code de la construction et de l'habitation (CCH),
  • le Règlement de sécurité contre les risques d'incendie,
  • et la norme NF S 61-932 relative aux systèmes de désenfumage naturel et mécanique.

En copropriété, l'obligation de désenfumage dépend de la configuration du bâtiment :

  • Les immeubles d'habitation de 3 étages ou plus doivent être équipés de dispositifs permettant l'évacuation des fumées dans les circulations communes (escaliers, couloirs, halls).
  • Les parkings souterrains, locaux techniques et sous-sols doivent comporter un système de désenfumage mécanique.

Depuis la mise à jour de la réglementation en 2023, les systèmes doivent aussi être conformes à la directive européenne CPR (Règlement Produits de Construction), garantissant la résistance au feu et la sécurité des matériaux utilisés.

Bon à savoir : lors de travaux de réhabilitation ou de ravalement, le maître d'ouvrage doit vérifier la conformité des dispositifs de désenfumage et, le cas échéant, procéder à leur remise en état ou à leur remplacement.

Le rôle des exutoires de fumées

L'exutoire de fumée est un dispositif installé en toiture ou en partie haute des façades.
Son rôle : évacuer naturellement la chaleur, les gaz et les fumées d'un local en feu.

Ces équipements s'ouvrent automatiquement en cas d'incendie, grâce à :

  • un détecteur de chaleur ou de fumée,
  • ou une commande manuelle (boîtier bris de glace, levier de sécurité).

Ils fonctionnent selon le principe du tirage thermique : la fumée chaude monte et s'échappe par l'ouverture créée, tandis que de l'air frais pénètre par les ouvertures basses, améliorant la visibilité et limitant la propagation des flammes.

Les exutoires sont indispensables dans :

  • les cages d'escaliers,
  • les halls d'entrée,
  • les locaux techniques,
  • et les combles ou toitures de bâtiments collectifs.

Conseil : les exutoires doivent être installés de manière à ne pas compromettre l'étanchéité de la toiture. Les modèles récents disposent de systèmes de joints thermiques et de clapets anti-pluie.

Quel exutoire de fumée choisir ?

Il existe deux grandes catégories d'exutoires, selon le mode d'ouverture et le type de bâtiment.

1. Les exutoires de désenfumage naturel

Ils utilisent la convection naturelle de l'air chaud pour évacuer la fumée.
Avantages : pas de consommation électrique, fonctionnement fiable et entretien limité.
Ils conviennent particulièrement aux cages d'escaliers, halls ou circulations verticales.
Les modèles peuvent être :

  • à vérins pneumatiques (cartouches de CO?),
  • à commande électrique,
  • ou mixtes (manuel + automatique).

2. Les exutoires de désenfumage mécanique

Ils sont couplés à un système de ventilation motorisée qui extrait activement les fumées.
Plus coûteux, ils sont indispensables dans les parkings souterrains ou locaux sans ouverture naturelle.
Ces installations doivent être réalisées par une entreprise certifiée Qualibat ou APSAD, et faire l'objet d'un contrôle annuel.

Norme clé : tous les exutoires doivent être conformes à la norme NF EN 12101-2, garantissant la résistance au feu, la fiabilité du mécanisme d'ouverture et la tenue aux intempéries.

Une obligation d'entretien

Comme tout dispositif de sécurité incendie, les exutoires de fumée sont soumis à une obligation d'entretien et de vérification périodique.
Selon l'article R. 4227-39 du Code du travail et l'arrêté du 25 juin 1980, le syndic doit :

  • vérifier leur bon fonctionnement au moins une fois par an,
  • assurer la maintenance préventive (graissage, nettoyage, test d'ouverture),
  • consigner les opérations dans un registre de sécurité.

L'entretien doit être confié à une entreprise spécialisée disposant d'un personnel qualifié et d'un agrément en sécurité incendie.
En cas de défaillance constatée lors d'un contrôle, le syndic est tenu de faire effectuer les réparations sans délai.

À noter : le défaut d'entretien peut engager la responsabilité civile et pénale du syndic ou du conseil syndical en cas de sinistre. Les assurances peuvent refuser d'indemniser les dommages si les dispositifs n'étaient pas conformes.

L'exutoire de fumée est un élément essentiel de la sécurité incendie en copropriété.
Au-delà de son obligation réglementaire, il joue un rôle vital dans la protection des personnes et des biens en cas d'incendie.
Bien choisi, correctement installé et entretenu régulièrement, il garantit la conformité du bâtiment, limite les risques d'intoxication et facilite l'intervention des secours.
Un investissement indispensable pour assurer la sécurité et la sérénité des occupants.


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